ԱՐՄԷՆ ՄԻՔԱՅԷԼԵԱՆ / ARMEN MICHAELIAN 
Միացեալ հայերէնի սկզբունքները 
Les principes de l’arménie unifié 

Bazmavep 2017 / 1 - 2, pp. 180-212

L’article propose une idée originale de réunification des deux branches existantes de l’arménien littéraire (l’arménien occidental et l’arménien oriental) en une langue littéraire unique. En argument : l’existence de deux branches parallèles dans une seule langue est considérée comme un fait temporaire, causé par des circonstances politiques, de surcroît, source de faiblesse et de malentendus.
L’auteur examine les avantages de disposer d’une seule langue littéraire, souligne que l’existence des deux branches a largement contribué à diviser la nation arménienne, pose la question de savoir si la langue arménienne a quelque chose à gagner de la situation actuelle. On considère également les arguments et les réticences de chaque camp.
Hormis la phonétique, qui n’a pas de rôle déterminant dans une langue écrite (chaque individu pouvant prononcer différemment le même mot arménien écrit – comme c’est le cas aujourd’hui), c’est principalement la morphologie qui présente les divergences les plus marquantes entre les deux branches. En nivelant ces divergences morphologiques qui n’ont en principe aucune valeur ajoutée, on peut arriver à un état de la langue où «l’orientation» de l’auteur sera masquée au maximum (comme c’est le cas entre l’anglais britannique et américain). Ce qui veut dire qu’un texte écrit arménien à l’avenir ne portera plus la marque «occidentale» ou «orientale».
Les principes fondateurs de l’unification sont clairement présentés; ils sereposent sur l’arbitrage de la langue arménienne classique (l’ancien arménien). L’article passe au crible chaque trait morphologique divergent et les compare avec les mêmes traits de l’ancien arménien. Des deux versions sont sélectionnées celles qui présentent le moins d’incohérence par rapport à la langue classique. Les formes obtenues sont parfois (rarement) des compromis. En conclusion, les différences morphologiques majeures de chaque côté comptent une dizaine et il est parfaitement envisageable de les surmonter.
L’auteur s’adresse en premier lieu aux linguistes, écrivains, journalistes et aux connaisseurs de la langue arménienne, leur propose d’examiner la question, d’établir une feuille de route qui déterminerait les changements progressifs que chaque branche devra accepter. En renonçant à une seule règle morphologique tous les dix ans, les arméniens littéraires occidental et oriental, en l’espace de quelques dizaines d’années, estomperont définitivement leurs spécificités.
La décision est par conséquent «politique». Quelle langue voulons-nous léguer aux générations futures? Il faudra donc répondre au préalable à ces deux questions: 1) voulons-nous une langue unifiée? 2) acceptons-nous l’arbitrage de la langue classique?